Paracha Kora'h ou la tentation de l'égalitarisme
Je ne cesserai jamais de m’émerveiller devant l’extraordinaire modernité de nos textes sacrés.
La Paracha que nous lisons cette semaine est à cet égard remarquable.
« En voilà assez ! De quel droit vous prétendez vous au dessus de nous ? N’est-il pas vrai que tout le peuple de D a été qualifié de « peuple saint » par l’Eternel lui même ? »
Cette apostrophe jetée par Korah’ au visage de Moshé, résonne de manière particulière ; elle préfigure la tentation égalitariste dont souffre si cruellement notre société et qui autorise les hommes et les femmes, les parents et les enfants, les élèves et les Maitres à prétendre être de manière indifférenciée et interchangeable des acteurs équivalents de la société.
La nature repose pourtant sur chacune de ses composantes de manière différenciée. Une fleur n’est pas constituée comme une pierre, et un animal n’est pas égal à un homme. Il n’est évidemment pas question d’établir dans la Création une hiérarchie, mais simplement de constater que le Créateur dans Sa sagesse infinie, a attribué à chaque composante de Sa création un rôle particulier.
Cela est vrai tant au niveau microscopique qu’au niveau macroscopique.
La société, la communauté, procèdent du même phénomène, de la même différenciation.
Chaque individu, chaque groupe humain remplit une fonction unique, sans laquelle le monde dans lequel nous vivons ne serait pas lui-même.
Il a pour mission unique, tout en gardant son libre arbitre, de jouer le rôle pour lequel D. l’a créé, et nul ne peut prétendre se substituer à lui.
Cette différentiation n’exclue cependant pas une complémentarité au service d’une fonction supérieure à celle de chacune des parties. C’est par le fonctionnement coordonné de l’ensemble des composantes que l’harmonie est atteinte.
C’est cette perception du monde qui se veut une mise en résonnance des différences harmonieuses qui permet au monde d’arriver a un juste équilibre.
L’ordre du monde est un ordre établi par la seule volonté de D. Il appartient à chacun de trouver sa juste place et d’apporter de celle-ci, sa contribution au projet Divin.
Pour n’avoir pas compris l’importance de l’enjeu, pour avoir remis en question dans ses fondements même l’ordre du Monde , la Révolte de Korah’ débouche sur une impasse.
Elle restera à jamais l’archétype des faux problèmes et des mauvaises solutions.
Shabbat Shalom.
20 Juin 2014 / 22 Sivan 5774
Rabbin Alain Shlomo SENIOR